L'essor des technologies vertes dans l'industrie automobile française

Par Risk & Ops | 17 novembre 2024 | Actualités

L’industrie automobile française traverse une phase de transformation sans précédent. Sous la pression des réglementations environnementales strictes, telles que l'interdiction des véhicules thermiques neufs d'ici 2035 en Europe et la demande croissante pour des solutions de mobilité durable, les constructeurs automobiles sont poussés à adopter massivement des technologies vertes. Des entreprises comme Renault et le groupe Stellantis, avec leurs modèles phares de véhicules électriques (VE) et hybrides, sont à la pointe de cette révolution. Cependant, alors que ces entreprises s'engagent dans cette transition, elles doivent faire face à une concurrence féroce et des défis logistiques, éthiques et technologiques majeurs.

Production de voitures en France entre 1900 et 2022

Source : ANFIA

La concurrence sur le marché des technologies vertes ne cesse de croître. Avec des entreprises chinoises comme BYD qui, en 2023, a dépassé Tesla en termes de ventes mondiales de véhicules électriques et les investissements massifs des États-Unis dans le secteur grâce à l'Inflation Reduction Act, les constructeurs français doivent lutter pour conserver leur part de marché à l'international. Les investissements américains dans les infrastructures de recharge et les véhicules électriques représentent plus de 369 milliards de dollars, plaçant une immense pression sur les constructeurs européens pour maintenir leur compétitivité.


En parallèle, la Chine domine le marché mondial du VE, avec près de 60 % des ventes mondiales réalisées en 2023. Cette domination s'appuie non seulement sur des volumes de production massifs, mais aussi sur des innovations technologiques qui positionnent les entreprises chinoises en avance sur les marchés émergents, tels que l’Inde et l’Afrique.


Dans ce contexte, il ne suffit plus de produire des véhicules électriques performants. Les constructeurs doivent également optimiser leurs opérations logistiques, améliorer leur agilité et anticiper les fluctuations de marché. En 2022, par exemple, les ventes de véhicules électriques français à l'international ont progressé de 40 %, soulignant l’importance de stratégies d’expansion solides, fondées sur une gestion rigoureuse des risques. Sans une telle approche, les constructeurs risquent de perdre des parts de marché à cause de défis imprévus, qu'ils soient logistiques, concurrentiels ou éthiques.

Matériaux critiques, éthique et géopolitique : des défis majeurs à l’échelle mondiale

La production de véhicules électriques et hybrides repose sur des matériaux stratégiques, dont les sources d’approvisionnement sont souvent localisées dans des régions géopolitiquement sensibles. Les batteries, par exemple, représentent environ 40 % du coût total d'un véhicule électrique, et leur production dépend de l'accès à des ressources critiques telles que le cobalt, le lithium et le nickel. La République Démocratique du Congo fournit près de 70 % du cobalt mondial, une ressource essentielle pour les batteries lithium-ion.

Cependant, les conditions d'extraction dans cette région sont régulièrement mises en cause, entraînant des risques éthiques importants pour les constructeurs qui souhaitent aligner leur marque sur des valeurs de durabilité et de responsabilité sociale.

En plus des considérations éthiques, la dépendance excessive à ces ressources expose les constructeurs automobiles à des risques géopolitiques majeurs. Une crise politique dans une région productrice de cobalt ou de lithium pourrait provoquer une interruption de la chaîne d’approvisionnement, entraînant des retards de production et des augmentations significatives des coûts. Lors de la pénurie mondiale de semi-conducteurs en 2021, l’industrie automobile a perdu environ 210 milliards de dollars, une situation qui pourrait se reproduire si les tensions géopolitiques autour des matériaux essentiels s’intensifiaient.

Gestion de l'innovation technologique et pression concurrentielle

Alors que l'électrification rapide des véhicules est au cœur de la transformation de l'industrie, les entreprises françaises doivent également se confronter à la rapidité des avancées technologiques dans le secteur. L'innovation dans les technologies de batterie est l'un des domaines les plus cruciaux pour rester compétitif. Par exemple, les constructeurs investissent massivement dans les batteries à haute densité et les batteries solides, qui devraient réduire les coûts de production de plus de 40 % entre 2020 et 2024, et de 20 % supplémentaires d'ici 2030. Ces innovations sont fondamentales pour améliorer l'autonomie des véhicules électriques et diminuer leur coût de fabrication, permettant ainsi une adoption plus large par les consommateurs.

Cependant, l'innovation rapide comporte des risques. Les entreprises doivent être capables de maintenir un équilibre entre l'avancée technologique et la viabilité commerciale. Une technologie trop avancée pourrait ne pas être alignée avec les infrastructures existantes ou les préférences des marchés locaux. De plus, la concurrence internationale, notamment de la Chine, est particulièrement intense dans ce domaine. Les entreprises chinoises bénéficient d'un soutien gouvernemental massif et de subventions considérables, leur permettant de développer des technologies à moindre coût et à grande échelle. En conséquence, les marques françaises risquent de se retrouver en retard technologiquement si elles ne parviennent pas à innover suffisamment rapidement ou à aligner leurs offres sur les attentes du marché.

De plus, cette ruée vers l’innovation constitue un terrain particulièrement vulnérable à l’espionnage industriel en raison de l’intensification croissante de la concurrence. Dans ce contexte, l'espionnage peut se manifester par des attaques informatiques visant à récupérer des données cruciales, telles que la conception de nouvelles batteries. De même, certains employés peuvent être confrontés à diverses tentatives de manipulation pour divulguer des informations sensibles à des tiers. Enfin, les entreprises s’exposent à des risques d’infiltration physique dans le but d’accéder directement aux innovations. L’ensemble de ces vulnérabilités peuvent être appréhendées par la mise en place de systèmes de sécurité avancés, des contrôles d'accès rigoureux aux informations sensibles, et le déploiement de protocoles stricts de sûreté sur les sites physiques. Prendre conscience de ces risques permettrait d’éviter des pertes financières considérables et de préserver l’avantage concurrentiel d’une entreprise sur un marché dynamique.

Les risques éthiques et les attentes des consommateurs

En plus des défis technologiques et logistiques, les constructeurs français doivent répondre à des exigences éthiques de plus en plus strictes, tant de la part des régulateurs que des consommateurs. En 2023, plus de 70 % des consommateurs européens déclaraient prendre en compte l'impact environnemental de leur achat de véhicule, ce qui montre une sensibilité croissante aux questions éthiques et de durabilité. De plus, les entreprises doivent veiller à ce que leurs chaînes d'approvisionnement respectent les normes internationales en matière de droits humains et de durabilité. Un manquement dans ce domaine pourrait entraîner des boycotts, des pressions sociales, ou encore des sanctions réglementaires, ce qui entraînerait des conséquences dévastatrices sur l'image de marque d'une entreprise.

L'exportation des technologies vertes sur les marchés étrangers présente également des risques en termes de conformité aux réglementations locales. Les constructeurs doivent naviguer dans des régulations complexes et souvent changeantes, tout en assurant que leurs pratiques répondent aux attentes élevées des consommateurs et des gouvernements en matière de responsabilité sociale et environnementale.

Alors que l’industrie automobile française s’engage pleinement dans la transition vers des technologies vertes, elle fait face à des défis majeurs à l’échelle mondiale. La gestion des risques, qu’ils soient technologiques, éthiques ou géopolitiques, est cruciale pour garantir la réussite de cette transition.

Les entreprises qui échoueront à anticiper ces risques pourraient se retrouver distancées par leurs concurrents chinois ou américains, voire confrontées à des scandales éthiques qui terniraient leur réputation à long terme. Dans un monde où l'innovation technologique et la responsabilité sociale sont devenues des impératifs, seule une gestion rigoureuse des risques pourra garantir le succès à long terme des constructeurs français sur la scène mondiale.

Risk & Ops peut vous accompagner opérationnellement dans la gestion de ces risques. Prenez contact avec nous contact@riskandops.fr